Promouvoir l’inclusion sociale des personnes handicapées en Afrique à travers le sport
De tout temps, les sociétés ont élaboré des théories expliquant le handicap, la survenue d’une déficience, l’existence de différences. Ces représentations sociales influencent la manière dont on considère et traite les personnes en situation de handicap (Diop, 2012). En Afrique, beaucoup de représentations sociales relevant essentiellement des registres spirituel, divin et relationnel entourent le handicap (Ibid). Ces biais peuvent entrainer une stigmatisation, une discrimination voire des violences envers les handicapés. De plus, l’autonomie des personnes ayant un handicap moteur, sensoriel ou mental est souvent compromise, accentuant de fait leur exclusion sociale.
Parasport et inclusion sociale
De manière générale, les personnes handicapées ont moins d’opportunités que les non-handicapées et leur taux d’emploi comme leur niveau d’instruction restent plus faibles (OMS, 2012). Délivrés de façon adaptée et inclusive, les programmes sportifs peuvent contribuer à lutter contre leur marginalisation et changer les perceptions négatives fréquemment associées au handicap.
En Côte d’Ivoire, plus de 3 % de la population présentent un handicap visuel (RGPH, 2014). L’accès à l’alphabétisation et à l’apprentissage d’un métier pouvant améliorer leurs conditions socioéconomiques est limité. Ainsi, la Fédération Ivoirienne des Sports pour Malvoyants et Aveugles (FISMA) a créé le projet « Victoire du sport sur le handicap » pour faciliter l’insertion sociale de 300 jeunes filles analphabètes non-voyantes grâce au sport (cécifoot, judo, athlétisme) et à l’alphabétisation en braille.
D’après certaines croyances burundaises, un enfant handicapé physique ou mental est synonyme de malédiction. Afin de promouvoir l’inclusion sociale d’enfants vivant avec un handicap mental, le Comité National Olympique du Burundi souhaite dispenser une pratique adaptée du football permettant également d’améliorer la santé des bénéficiaires.
A l’instar d’Arnaud Assoumani, Champion paralympique de saut en longueur et Sport Impact Leader, qui considère que le sport a le pouvoir de « Faire tomber les barrières et promouvoir l’inclusion », Golden Boots Uganda plaide pour l’utilisation du sport comme outil de transformation. L’organisation désire que le potentiel des personnes handicapées à contribuer activement à la société soit reconnu, au même titre que celui de leurs homologues valides (sportanddev, 2020).
Le paralympisme en Afrique
Les Jeux paralympiques permettent de défendre l’égalité des chances, promouvoir les technologies d’assistance et remettre en question les préjugés accolés au handicap. Les Jeux sont plutôt populaires en Afrique mais le sport paralympique souffre de grosses disparités.
Comme la majorité des sports modernes règlementés, le parasport s’est diffusé du Nord au Sud. Ce processus se répète par le biais de prothèses sportives, d’équipements et d’entrainements adaptés de plus en plus coûteux (Novak, 2014). La démocratisation du parasport sur le continent est inégale et la participation africaine aux Jeux paralympiques dominée par l’Afrique du Sud : parasport et paralympisme ayant joué un rôle clé dans la réforme de la société sud-africaine post-apartheid (Rademeyer, 2017).
Conscients de cette hétérogénéité, le Comité International Paralympique (CIP) et l’université de Loughborough ont conçu un projet pour développer la portée du sport paralympique et lutter contre la stigmatisation des personnes handicapées en Afrique subsaharienne. Para Sport against Stigma coordonnera une recherche-action interdisciplinaire en Gambie, au Malawi et en Zambie, afin d’engendrer une meilleure compréhension quant à la manière dont le sport paralympique peut être implanté et avoir un impact efficace, pertinent et pérenne.
Pour que le parasport et son pendant paralympique favorisent durablement l’inclusion sociale des personnes handicapées en Afrique, il est essentiel de solidement intégrer le handicap au sein des politiques publiques ainsi que de travailler sur la question des ressources, des technologies et des infrastructures adaptées. Les personnes en situation de handicap pourront alors, plus que jamais, prendre une part active à la société.