De par sa capacité à bousculer les codes et à renforcer l’estime de soi, le sport contribue à l’autonomisation des femmes en Afrique.

L’autonomisation des femmes représente un enjeu incontournable du développement durable. Partout dans le monde, les femmes et les hommes ne disposent pas du même accès à l’éducation, à l’emploi, aux postes à responsabilités. Dans les pays en voie de développement, cela maintient les femmes en situation de pauvreté. L’Agenda 2030 de l’ONU envisage « un monde où l’égalité des sexes sera une réalité pour chaque femme et chaque fille et où tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques à leur autonomisation seront levés ». Le sport, outil transversal, participe à l’atteinte de cet objectif.  

Divers obstacles à l’autonomisation des femmes en Afrique

En Afrique, les obstacles à l’autonomisation des femmes sont multiples. Si les femmes occupaient des postes de pouvoir dans les sociétés traditionnelles, l’ère coloniale les a durablement renvoyées à la sphère privée et cantonnées aux tâches domestiques. Une division sexuelle du travail perdure entre hommes et femmes et ces dernières restent tributaires du travail non rémunéré. Dans les sociétés patriarcales, les femmes sont souvent soumises à l’autorité d’un conjoint ou d’un membre de la communauté de sexe masculin, ce qui entrave également leur autonomie et leur capacité d’émancipation.

Par ailleurs, les filles et les femmes souffrent aussi des conséquences du mariage précoce et forcé ainsi que des grossesses précoces. Une étude de la Banque mondiale de 2018 estime que l’Afrique aurait perdu 55,4 milliards d’euros en raison des mariages précoces et de la déscolarisation. Tous les éléments susmentionnés ont un impact négatif sur l’émancipation des femmes en particulier et le développement humain en général.

Le sport bouscule les codes

Plusieurs outils peuvent contribuer à l’autonomisation des femmes mais le sport a la particularité de casser tous les codes. Lorsque les femmes s’emparent du sport – traditionnellement l’apanage des hommes – elles bousculent les normes du patriarcat, investissent l’espace public, remettent en question les processus de socialisation genrée, interrogent le rapport au corps de la femme et s’approprient des pratiques dites viriles et masculines car basées sur la confrontation physique et la compétition.

Ce faisant, les femmes augmentent leur estime de soi et bénéficient d’une meilleure perception de leur efficacité et de leur liberté personnelle. Participer à des programmes sportifs bien conçus et bien réalisés peut leur permettre d’acquérir des compétences de leadership et d’être mieux intégrées à la société. Par leur réussite, elles pallient le manque de modèles féminins, inspirent les nouvelles générations et œuvrent pour leur émancipation et l’égalité des sexes.

Des initiatives en faveur de l’autonomisation

Plusieurs femmes s’étant émancipées grâce au sport portent des initiatives sportives à impact social. Parmi elles :

  • Géraldine Yema Robert, ancienne basketteuse professionnelle, Sport Impact Leader et fondatrice de l’association Yemaly qui utilise le basketball comme outil d’éducation pour la jeunesse gabonaise, est récemment devenue coordinatrice générale du championnat scolaire et universitaire au Gabon.
  • Amy Mbacké Thiam, championne du monde du 400 mètres en 2001, a lancé l’association Cœur de Lion qui favorise l’égalité des chances à travers l’athlétisme. Elle est désormais Conseillère spéciale Sport auprès de la présidence du Sénégal.
  • Isabelle Yacoubou, basketteuse internationale et Sport Impact Leader, est consciente que « le sport [lui] a donné une chance et veut maintenant aider les autres ». Elle a organisé des camps de basketball et intégré un comité de réflexion pour la professionnalisation de ce sport au Bénin.
  • En 2019, l’ONU a nommé la footballeuse freestyle et Sport Impact Leader Lisa Zimouche comme étant l’une des 20 femmes de l’année.

Par leur palmarès et leur investissement au sein des institutions politiques et sportives, ces Sport Impact Leaders promeuvent l’émancipation et l’autonomisation des femmes à travers le sport.

Si le sport féminin d’élite se démocratise, le prochain défi consiste à mettre l’accent sur le sport loisir (CODESRIA, 2010). A l’image de Women Win qui mise sur la pratique sportive et récréative pour autonomiser toutes les femmes, c’est ainsi que le sport pourra contribuer à atteindre l’ODD 5 dans sa globalité.

 

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