Les infrastructures sportives et le défi environnemental
Une perspective écologique dans la conception des infrastructures sportives
Le projet Paris 2024, qui a pour ambition d’organiser les Jeux Olympiques et Paralympiques « les plus durables de l’histoire », est une bonne illustration d’un mouvement sportif de plus en plus sensibilisé aux enjeux environnementaux. Concrètement, cela se traduit entre autres par l’écoconception des infrastructures sportives afin qu’elles ne nuisent pas à l’environnement des sites, qu’elles soient moins énergivores et qu’elles soient conçues en matériaux adaptés. La ville de Paris promet par exemple la construction d’un village olympique et paralympique formé de bâtiments écoresponsables, utilisant 100% d’énergies renouvelables et avec une politique « zéro déchet ».
Penser à l’avant mais aussi à l’après
L’héritage est un autre aspect important des infrastructures durables et pose la question de l’après dans le cadre des grands événements sportifs internationaux. En effet, il existe de nombreux exemples d’« éléphants blancs », des stades gigantesques laissés à l’abandon une fois l’événement passé, comme ce fut malheureusement le cas à Athènes ou au Brésil récemment. C’est pour cette raison que le développement durable fut placé au cœur de Dakar 2026, les Jeux Olympiques de la Jeunesse initialement prévus pour l’été 2022. Ce projet a été conçu dans le cadre d’un plan national (le PSE – Plan Sénégal Émergent) visant à atteindre un certain nombre d’ODD d’ici 2035. Le fait que les JOJ aient été pensés pour profiter à la ville et au pays sur le long terme a joué un rôle essentiel dans la décision du Comité International Olympique de choisir Dakar comme ville-hôte. À titre d’exemple, le village olympique sera reconverti en résidence universitaire après les JOJ.
Recycler les infrastructures existantes
La réhabilitation des infrastructures existantes est aussi un point central dans cette discussion. Un excellent exemple est la résurrection d’une patinoire par un architecte italien à partir d’une halle abandonnée dans le cadre des Jeux Olympiques d’Hiver Turin 2006. À l’occasion de Dakar 2026, plusieurs infrastructures sportives sont en cours de rénovation, telles que le stade Iba-Mar-Diop ou le complexe sportif du Tour-de-l’Œuf. En outre, cela permet d’organiser les Jeux dans un espace déjà populaire et dans un milieu urbain, permettant à la population locale d’y assister facilement. Alors que les installations provisoires peuvent sembler être un bon compromis, Jean-Loup Chappelet rappelle qu’elles sont coûteuses et que leur transfert est difficile, comme l’a prouvé le stade de beach-volley construit à l’occasion de Pékin 2008, aujourd’hui en ruine.
Des infrastructures durables pour des modes de vie plus sain
Au-delà des méga-infrastructures comme les stades, la réhabilitation des infrastructures sportives est aussi importante pour les infrastructures sportives de proximité, car cela permet au plus grand nombre de pratiquer le sport. De fait, l’article II.2 du Plan d’action Kazan (UNESCO) met en avant l’impact positif que peut avoir les infrastructures durables sur la santé : « Les infrastructures et les espaces consacrés à l’éducation physique, à l’activité physique et au sport dans la planification urbaine et rurale peuvent contribuer à soutenir les résidents dans l’adoption et le maintien d’un style de vie sain et actif pour leurs citoyens et à bâtir des communautés inclusives et durables ». Ce raisonnement est reflété dans le projet de la FIFA et de l’AFD au Bénin, ayant pour but de construire et de rénover des terrains de football dans les écoles du pays.
L’angle des grands événements sportifs internationaux nous permet ainsi de concevoir comment il est possible d’ancrer le développement durable au centre de la conception des infrastructures sportives, en prenant en compte l’avant, le pendant et l’après de l’événement. Les infrastructures durables doivent cependant être pensées à plus grande échelle et dans le cadre de la vie quotidienne, afin de créer un changement de fond pour la société.