Développer les compétences spécifiques des acteurs sportifs en Afrique
Et si le sport faisait partie intégrante des « solutions africaines aux problèmes de l’Afrique » ? La priorité de l’Agenda 2063 adopté en 2015 par l’Union Africaine (UA) réside en la transformation structurelle du continent. Le secteur du sport n’est pas mentionné mais son potentiel en termes d’inclusion territoriale et de développement socio-économique peut y contribuer. La formation et le renforcement des capacités des acteurs sportifs, comme l’acquisition des compétences de base à travers le sport pourraient concourir durablement et de manière innovante à la formation de la main-d’œuvre africaine, valorisant ainsi le capital humain d’un continent en pleine expansion démographique.
Le sport, un potentiel de développement sous exploité
Le rapport Perspectives économiques de l’Afrique 2020 souligne que « malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies, l’Afrique reste à la traîne des autres régions en développement en matière d’éducation et de développement des compétences ». Ce manque de formation et de compétences spécifiques s’applique aussi au secteur sportif. En cause, une multitude de facteurs tels que les inégalités d’accès à une éducation formelle et non formelle de qualité y compris en ce qui concerne les programmes d’éducation physique et de sport scolaire, un processus de décentralisation à vitesse variable, des politiques sportives majoritairement focalisées sur le développement du sport d’élite au détriment de la pratique en amateur, une absence de financement… Cela impacte négativement le potentiel des différents centres sportifs en matière d’aménagement territorial et de développement économique. Revaloriser la culture sportive, organisationnelle et managériale des structures sportives en renforçant les capacités de gestion, d’animation et de maintenance du corps sportif semble alors primordial. De plus, capitaliser sur le sport comme outil de développement permettrait d’améliorer durablement les perspectives des bénéficiaires en termes d’éducation, d’employabilité, de santé et d’égalité de genre.
Renforcer les compétences dans et à travers le sport
Miser sur le renforcement des capacités dans et à travers le sport pour atteindre des objectifs de développement n’est pas une nouveauté. Depuis 1998, au Sénégal et en Gambie, SEED Project utilise le basketball pour former les futurs dirigeants africains. Éducation, leadership et responsabilité sociale représentent les maîtres-mots de la « solution SEED » pour « développer les pays de l’intérieur ». Dans la même optique, le Groupe ISM qui s’est engagé à former l’élite africaine de demain grâce à une éducation d’excellence, a récemment signé un accord avec la ligue professionnelle espagnole LaLiga afin de proposer un programme certifiant en marketing sportif à Dakar. Cette collaboration souhaite améliorer la croissance de l’industrie du sport au Sénégal et professionnaliser les métiers du sport. Autre preuve que le développement du secteur sportif en Afrique a le vent en poupe, la Sport Management School, une école internationale spécialisée dans le sport business, a ouvert en 2019 sa première antenne africaine à Rabat. Néanmoins, les opportunités d’apprentissage visant à maximiser l’impact positif du sport et accessibles à tous restent limitées. Pour pallier ce manque, sportanddev, le gouvernement australien et le Secrétariat du Commonwealth ont lancé en 2020 un MOOC sur « le sport au service du développement durable ». Plus de 3 000 apprenants issus de 162 pays ont déjà rejoint le premier parcours intitulé « Concevoir des politiques et des programmes efficaces ». Les coordonnateurs du Conseil des sports de l’UA ont d’ailleurs accueilli le MOOC comme « un outil de renforcement des capacités pour la région ».
A l’image de la Global Sports Week qui réunit depuis 2020 les leaders internationaux du sport et les acteurs du changement afin de penser ensemble l’avenir du sport, ces initiatives aident à développer les compétences des acteurs sportifs, à démocratiser le « Sport & Développement » et à transformer durablement les sociétés africaines.