Chaque année, le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. Une manière de promouvoir l’égalité homme-femme, qui tarde à se généraliser dans notre société.

L’égalité est pourtant un droit fondamental de la personne humaine, quel que soit son sexe, son orientation sexuelle ou toute autre différence. Mais les écarts salariaux, les inégalités hiérarchiques, le manque de représentation des femmes dans les institutions politiques et économiques… sont autant d’exemples qui illustrent le chemin à parcourir pour aboutir à une égalité paritaire entre les sexes.

C’est d’ailleurs le sens du cinquième Objectif de Développement Durable fixé par les Nations Unies à horizon 2030. Dédié à l’autonomisation des filles et des femmes, il concerne l’égalité entre les sexes et vise à mettre fin à toutes les formes de discriminations et de violences contre les femmes et les filles dans le monde entier. Les Nations Unies précisent que cet ODD « agit en interrelation avec les 16 autres ODD. Il permet la conception et la mise en œuvre de toutes les politiques publiques au prisme du genre et encourage la mise en place de politiques dédiées à la lutte contre les inégalités qui subsistent et nécessitent des mesures positives en faveur des femmes ».

En Afrique notamment, le sport peut-être un allié incontournable pour poursuivre cet objectif. Dans un continent où les traditions culturelles demeurent profondément ancrées, la sous-représentation des femmes dans les espaces politiques, économiques ou communautaires constituent des freins au développement. C’est pourquoi depuis l’adoption de l’Agenda 2030 des Nations Unies des initiatives politiques sont engagées visant à promouvoir la place des femmes dans la société. Et ce n’est pas étonnant de trouver aujourd’hui comme modèles pour la jeunesse de nombreuses athlètes et sportives africaines militant pour l’égalité.

L’Agenda 2030 des Nations Unis définit lui-même le sport comme « un élément important de développement durable » par sa contribution à l’autonomisation des femmes et jeunes filles et à la réalisation des objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale.

La volonté de placer le sport au cœur d’une stratégie d’émancipation pour les femmes et les jeunes filles est l’un des piliers du Plan d’action de Kazan adopté en 2017. Ce plan a notamment réaffirmé l’importance accordée à l’égalité des sexes à travers le sport. Cet engagement se traduit par une plus forte collaboration entre les autorités du football et les organisations internationales. Par exemple, le programme « Football for Schools » mis en place par la FIFA a pour objectif de rendre le football plus accessible pour les garçons et filles partout dans le monde, tout en contribuant à l’éducation et au développement des enfants. Ce programme a également pour ambition de s’accroître à travers des projets en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Le sport peut être un atout pour abolir les obstacles que rencontrent les femmes et aider ces dernières à libérer leur plein potentiel. Des athlètes telles que Eniola Aluko, ancienne footballeuse d’origine nigériane et participante aux Jeux Olympiques est aujourd’hui une avocate accomplie qui milite pour le développement du continent africain. D’autres figures sportives sont désormais actrices du développement. Tegla Louroupe, première femme à remporter le marathon de New York en 1994 est aujourd’hui porte-parole mondiale pour la paix et militante de l’égalité homme-femme. Une manière de prouver aux jeunes filles africaines que le sport permet de révéler son plein potentiel et qu’il peut servir aussi d’outil de sensibilisation. Depuis la Coupe du Monde féminine de football 2019 en France, des sportives de haut niveau telles que Megan Rapinoe ou Alex Morgan se sont érigées en role model auprès de la jeunesse américaine sur les sujets sociétaux et politiques. Elles ont pris position pour la défense des droits des minorités ou contre le racisme. Au Burkina Faso, l’initiative « Tackle Africa » lancée en 2002 associe les ONG locales et utilise le sport comme un prétexte pour faire de la prévention en matière de santé. Accès à la contraception, lutte contre les violences physiques ou sexuelles, lutte contre les mariages forcés figurent parmi les sujets abordés au cours de ces journées, rythmées aussi par des matchs de football, souvent mixtes, pour faciliter les interactions entre jeunes garçons et filles.

Le sport peut représenter aussi un outil d’émancipation pour les femmes à travers le monde. Au Kenya, une initiative prénommée « Breaking the Silence » permet aux jeunes filles victimes de viols ou de mutilations génitales d’échanger sur ces sujets douloureux. Les femmes sont ainsi encouragées à développer des capacités de communication, d’écoute, de parole afin de briser des tabous liés aux inégalités de genre. Soutenu par des instances comme la FIFA ou l’ONG Women Win, « Breaking the Silence » aide les adolescents grâce à une communauté sportive. Le choix du football par exemple n’est pas anodin car il s’agit de briser les stéréotypes de genre autour d’un sport associé à la masculinité. Le sport permet aux jeunes filles de dialoguer, d’être plus confiante et d’être actrices du changement dans leurs villages ou communautés respectives. Entre 2013 et 2015, plus de 1000 jeunes filles ont participé au programme, 500 parents ont été sensibilisés, 13 écoles ont été formées et l’association ambitionne d’atteindre 4000 adolescentes d’ici 2021.

Le projet « Fight for dignity » fondé en 2017 par la triple championne du monde française de karaté Laurence Fischer aide les femmes de République Démocratique du Congo à se reconstruire et retrouver confiance en elles par la pratique des arts martiaux. De nombreuses autres initiatives émergent sur le continent africain, souvent à l’initiative de la société civile, et démontrent la vitalité de ce sujet et l’importance que le sport comme outil d’émancipation.

Credit photo : LYSD ; Terang’Aby