Optimiser l’utilisation du sport comme accélérateur de développement implique de renforcer l’engagement des parties prenantes, y compris celui des grandes institutions comme l’UNESCO.

A l’image de nombreuses organisations sportives, plusieurs grandes institutions considèrent désormais que le sport peut contribuer aux Objectifs de développement durable (ODD). Pour que le sport comme levier de développement atteigne son plein potentiel, il est crucial d’améliorer la coordination, de garantir l’efficacité des programmes sportifs à impact social et de mobiliser les ressources. Parmi les différents acteurs, les institutions internationales et financières peuvent jouer un rôle prépondérant.

L’UNESCO en première ligne

Agence chef de file des Nations Unies pour le sport, l’intégrité dans le sport et l’éducation physique (EP), l’UNESCO promeut le sport comme outil de développement durable, d’inclusion sociale et d’égalité des sexes. L’organisation conseille les États membres quant à l’efficacité de leurs politiques sportives et les encourage à investir systématiquement dans le sport et l’EP pour construire des sociétés plus saines et plus résilientes.

« Grâce à nos plateformes intergouvernementales CIGEPS et MINEPS, à nos actions de sensibilisation et à nos connexions toujours plus nombreuses, nous rassemblons les principales parties prenantes […] afin d’atteindre des objectifs de développement réellement étonnants et de développer des indicateurs adéquats », déclare Gabriela Ramos, sous-directrice générale pour les Sciences Sociales et Humaines de l’UNESCO.

« En accord avec le Plan d’action de Kazan, notre objectif est d’apporter une vision globale du développement durable par le sport », ajoute-t-elle. Ainsi, l’initiative Fit for Life a été conçue pour accélérer la relance post-covid et répondre à trois crises contemporaines majeures : le déclin de la santé physique, la détérioration du bien-être mental et l’augmentation des inégalités. L’UNESCO a également rejoint la Coalition pour le Développement Durable par le Sport, qui vise à encourager l’investissement au profit de projets sportifs à impact social.

Mobiliser les ressources

Selon Gabriela Ramos, les organisations de base sont conscientes de l’impact positif du sport en matière de développement durable et les ministres des sports commencent à le comprendre. Pour autant, « les banques de développement et les secteurs financiers de la plupart des gouvernements ont encore du chemin à faire ».

Néanmoins, certaines institutions financières accompagnent dorénavant les projets Sport & Développement (S&D). Ainsi, l’Agence française de développement (AFD) a fait du sport l’un des axes stratégiques de son action et lancé plusieurs appels à projets pour promouvoir le sport comme outil de développement en Afrique.L’AFD et la Coopération allemande pour le développement (BMZ/GIZ), en partenariat avec la FIFA, ont aussi financé le programme Sport pour la Santé Mentale et la Cohésion Sociale (SMHSC). 13 projets conçus pour lutter contre les impacts sociaux négatifs de la pandémie de COVID-19 à travers le sport ont pu bénéficier de ce soutien.

La GIZ fait partie des agences de développement pionnières en matière de S&D, comme en atteste l’un de ses projets phares : « Sport pour le Développement en Afrique » (S4DA). Lancé en 2014, ce projet multi-pays vise à améliorer les perspectives de développement des enfants et des jeunes en termes d’éducation, d’emploi et de développement socio-économique, de santé, d’égalité des sexes et de coexistence pacifique grâce au sport.

L’AFD, quant à elle, a initié la Coalition pour le Développement Durable par le Sport (CSDS), dont le but est de renforcer les moyens financiers, les investissements et les expertises dans le domaine, en lien avec les ODD. La Coalition réunit, entre autres, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l’Istituto per il Credito Sportivo (Italie). Pour atteindre ses objectifs, elle s’appuie sur la plateforme Sport en Commun, qui en assure le secrétariat. Au sein de la CSDS, l’UNESCO coordonne un groupe de travail visant à créer un environnement d’investissement sûr pour les partenaires potentiels du sport au service du développement.

De fait, l’organisation travaille à la promotion d’un modèle de financement innovant : le Social Outcomes Contracting (SOC). Ce contrat permet aux bailleurs de constater, grâce à des mesures claires et empiriques, les résultats (y compris sociaux et éducatifs) découlant d’un investissement dans le sport. Gabriela Ramos espère que cet outil incitera à investir systématiquement dans le sport et l’EP lors des plans de relance.

 

Les initiatives précitées s’inscrivent donc dans une dynamique encourageante. En parallèle, les démarches relevant de la responsabilité sociétale des entreprises ou des organisations (RSE/RSO) adoptées par la plupart des institutions sportives internationales, comme le Comité International Olympique et la FIFA, aident à maximiser l’impact social du sport. Ainsi, développer les synergies entre sport et développement international, y compris sur les questions environnementales, d’intégrité et de gouvernance, représente une condition essentielle pour faire du sport un réel vecteur de changement.