Présent dans la majorité des systèmes éducatifs africains, le sport scolaire revêt de multiples enjeux, souvent similaires à l’échelle du continent.

« Le sport force l’homme. Il permet de lutter contre le décrochage scolaire et forme nos enfants aux épreuves de la vie »Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar, nommé champion pour la promotion de l’éducation sportive en Afrique en 2019.

A l’instar de l’éducation physique (EP), le sport scolaire a un rôle à jouer en matière de Sport & Développement (S&D). En effet, en tant qu’apprentissage structuré réalisé en complément du programme d’études officiel, le sport scolaire contribue à l’élargissement de l’enseignement de base divulgué par l’EP (Association for Physical Education, 2015). Il participe aussi à la démocratisation de la pratique sportive.

Éducation physique et sport scolaire en Afrique : état des lieux

La majorité des pays africains promeuvent l’EP dans leurs programmes scolaires. De même, la plupart des écoles encouragent l’exercice physique et les activités récréatives (ICESSD, 2014). Néanmoins, il existe des disparités importantes entre les pays.

Jusqu’à peu, certains États avaient cessé d’inscrire l’EP et le sport scolaire dans leurs programmes officiels. L’Afrique du Sud, figure de proue du S&D sur le continent, n’a paradoxalement réintroduit l’EP au sein de ses programmes qu’en 2012. Le sport scolaire est devenu facultatif dans les écoles économiquement défavorisées, du fait d’un manque de ressources et d’infrastructures. Au Kenya, l’EP est obligatoire dans l’enseignement formel, tous niveaux d’études confondus. Une relation étroite existe entre les organisations sportives et les établissements d’enseignement afin d’intégrer au mieux l’EP et le sport scolaire au sein des syllabus. Dans les pays d’Afrique francophone, le sport scolaire et universitaire fait partie intégrante du modèle sportif hérité de l’époque coloniale (Bouchet, Kaach, 2004).

La tendance actuelle est à la revalorisation de cette approche. Ainsi, le Sénégal a récemment lancé une réforme du sport scolaire et universitaire, en prévision des JOJ de Dakar 2022, reportés à 2026.

Les enjeux du sport scolaire et universitaire en Afrique

Le sport scolaire et universitaire en Afrique englobe de multiples enjeux. Il s’agit à la fois de qualifier la jeunesse en vue d’un essor économique intégré et durable, de généraliser la pratique sportive afin, entre autres, de valoriser le sport national (le sport scolaire représentant un creuset pour la détection de talents) et par extension le potentiel en termes de diplomatie sportive. Cela implique de réviser les modes de gouvernance, définir des politiques sportives et éducatives spécifiques, gommer les inégalités d’accès à la pratique, etc.

Par exemple, dès 2014, la Kenya secondary school sports Association a basé son action sur une stratégie triennale visant à former et autonomiser les enseignants quant à l’entrainement, la détection, le management, le développement et l’arbitrage de plusieurs disciplines sportives.

En Afrique du Sud, les inégalités d’accès au sport dans les écoles représentent une préoccupation majeure du gouvernement et du secteur sportif, qui s’accordent sur la nécessité de revitaliser le sport scolaire pour que les jeunes puissent bénéficier des bienfaits sociaux et sanitaires inhérents au sport.

Le sport scolaire en Afrique : l’avenir

Actuellement, la revalorisation du sport scolaire et universitaire semble relever d’une volonté panafricaine. En 2019, dans la foulée du 2ème Forum africain du sport scolaire, les États africains ont adopté une stratégie globale relative au sport scolaire. Début 2020, le Maroc a accédé à la vice-présidence de la Fédération internationale du sport scolaire (ISF) par le biais de Youssef Belqasmi, secrétaire général du département de l’Éducation nationale. Par ailleurs, le Bénin abritera en 2021 un projet pilote de championnat d’Afrique du football scolaire initié par la FIFA. À la suite d’une réunion virtuelle qui s’est déroulée le 30 octobre dernier entre les hauts responsables de la FIFA et plusieurs ministres des sports, le ministre nigérian de la jeunesse et du développement des sports Sunday Dare a souligné la volonté de la FIFA « de renforcer la participation des jeunes en matière de football, d’entrainement et d’arbitrage au sein des écoles communautaires et de l’enseignement secondaire ».

Le sport scolaire devrait donc prendre part activement au développement de l’Afrique à travers le sport.

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